Ce numéro 55 des Cahiers du Plan propose deux dossiers. Le premier est consacré à une analyse économique de l’environnement et des ressources naturelles. Le second traite de questions d’inégalités sociales et de développement en lien avec les politiques éducatives et la qualité de l’éducation.
En effet, trente ans après l’édition du premier rapport Meadows du Club de Rome en 1972 alertant sur le fait que les capacités de la planète risqueraient d’être dépassées, la même équipe confirme en 2002 que plusieurs limites ont effectivement été atteintes. Ce constat a conduit plusieurs économistes à développer des théories de la décroissance. Si ce principe de la décroissance peut être discuté dans le cadre de pays développés, il ne peut en revanche être envisagé pour des pays en voie de développement comme le Maroc.
Ce présent numéro pose la problématique du développement dans un contexte de contrainte sur les ressources naturelles et humaines.
La connaissance est la seule ressource qui augmente avec le partage. Le secteur de l’éducation est donc un secteur qui a un potentiel de croissance infini et décorrélé avec la consommation de ressources naturelles. Ce potentiel est d’autant plus important que les indicateurs d’éducation au Maroc et en Afrique connaissent des potentiels d’amélioration significatifs, comme le démontre le second dossier.
Quant à la gestion des ressources naturelles elles-mêmes, s’il existe des tensions sur la quantité de ressources exploitables, l’accent peut être mis sur leur niveau de valorisation. En effet, comme le souligne le papier sur la modélisation des flux de matières, le Maroc extrait
0,4 dollar de PNB par kilo de matière utilisée, alors que les pays développés en extraient 2 dollars.
Par conséquent, le terme de décroissance pour le Maroc ne fait pas de sens comme cela pourrait être le cas pour les pays développés. Le secteur de l’éducation comme celui de la valorisation des ressources naturelles renferment en effet des potentiels de croissance décorrélés avec l’augmentation de l’empreinte environnementale.
Nous reprenons dans cette introduction ces différents potentiels pour chacune des deux thématiques.
La valorisation des ressources naturelles
La tonalité des différents papiers présentés se veut à la fois responsable et optimiste. Elle est responsable dans la reconnaissance et l’intégration de la contrainte écologique, et elle est optimiste dans le sens où il est possible de trouver des solutions et éviter, par conséquent, le langage apocalyptique récurrent dans une telle littérature.
Dans l’article sur la gestion des ressources naturelles, les auteurs exposent une lecture du processus de développement du Maroc depuis 1970 basée sur la modélisation des flux de matières. Cette grille de lecture permet d’affirmer que le Maroc est devenu un pays en voie de développement dans les années 90 quand sa consommation de matières est passée d’une dominante de biomasse à une dominante de matériaux de construction. Ce passage a généré pour le pays un cycle de croissance de vingt ans basé sur le développement
d’infrastructures. Ce cycle de croissance à impact écologique limité en termes de génération de déchets étant aujourd’hui au stade de l’épuisement, le Maroc est à la recherche de nouveaux relais de croissance.
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Sommaire :
Éditorial
Saïd Hanchane, Erik Kadio, Anas Lahlou
Une réflexion sur la dynamique de la transition énergétique par le gaz naturel
Saïd Hanchane, Jaouad Mohamed Malzi, Aziz Ettahir
Que nous apprend l’analyse des flux de matières sur le processus de développement du Maroc ?
Saïd Hanchane, Anas Lahlou
Quelques remarques sur la transition écologique
Pierre-Noël Giraud
Inégalités des chances scolaires au Maroc
Khalid Soudi, Yassine Abahamid , Ayoub Boussata, Mariem Liouaeddine
Déterminants socioéconomiques de la dynamique de la scolarisation au Maroc
Abdessamad Aït Mbarek, Khalid Soudi
L’approche par compétences dans le contexte africain : une analyse comparative des expériences ivoirienne et sénégalaise
Saïd Hanchane, Kadio Eric Kadio
Résumés en arabe des articles